L'esprit indomptable

Publié le 6 Décembre 2013

L'esprit indomptable ou comment relier le bouddhisme et l'art du sabre

Cela peut tout aussi bien s'appliquer aux budos.

Si tout comme moi vous aimez lire et êtes plutôt autodidacte,au fil de vos lectures vous vous rendez compte que certains livres vous "parlent", sortent du lot, vous accrochez totalement avec le contenu du livre. c'est ce qui m'est arrivé avec quelques livres notamment avec " l'esprit indomptable de Takuan Sôhô ,un vrai coup de cœur.Car il colle avec les enseignements que j'ai pu recevoir de personnes remarquables et d'un texte bouddhiste des plus intéressant mais aussi des plus difficiles à comprendre,à accepter mais surtout à réaliser : " le soutra du cœur" J'espère que vous lirez cette article jusqu'au bout et je réclame votre indulgence pour toutes erreurs qui m'aurait échappée.

 

Quelques mots sur le contenu

Selon le traducteur "William Scott Wilson" ce livre est composé de trois texte à l'intention des samouraïs avec le but d'unifier l'esprit du zen et l'esprit du sabre permettant ainsi de travailler aussi bien le corps que l'esprit. Inspirant à celui qui le souhaite un chemin à suivre, un voyage à entreprendre.

les trois textes tentent de mettre en relation le spirituel et le manifeste. Mettant tantôt l'accent sur la technique, tantôt sur la relation moi/autres ou encore sur notre vision égocentrique et sa vision du bien et du mal.

Quelques mots sur l'auteur

Takuan Sôhô naquit dans une famille de samouraï très tôt attiré par la spiritualité il finira moine Zen de la secte Rinzai réputée pour être une des plus stricte .

Mais ce n'était pas un moine ordinaire, il était à l'image du sabre, bien tranchant avec comme armes principales la plume et la parole,ce qui lui a valu quelques soucis notamment avec un shogun. Il a côtoyé les plus grands comme les plus petits sans discrimination .

De nos jours il inspire encore beaucoup de japonais mais aussi de passionnés de la culture et de la spiritualité japonaise.

Premier texte : Fudōchi shinmyōroku

Avant d'entrer dans le vif du sujet je précise que ce qui va suivre est une interprétation personnelle basée sur mon expérience et mon vécu c'est donc très subjectif. vous aurez surement votre propre interprétation selon votre vécu.Quoi qu'il en soit lisez ce livre.

Takuan Sôhô commence par cet intitulé qui en dit déjà long.

"Du désespoir de demeurer dans l'ignorance"

Demeurer : rester, s'arrêter, se figer, se fixer, se laisser saisir, se laisser prendre. C'est donc l'endroit ou l'esprit est emprisonné.

L'ignorance : manque de connaissance, ne pas savoir. cela vas encore plus loin que çà.

C'est aussi s'appuyer sur ce que l'on pense savoir même en étant dans l'erreur, car la vérité est très relative; à titre d'exemple la perception du ciel par un poète ou un astronome sera différente mais on ne peut pas dire que l'un ou l'autre à tort car ils ont tous les deux raison de leurs point de vue.

Un autre exemple souvent enseigné dans le bouddhisme est celui du rêveur.Tant qu'il est dans le rêve il perçoit des émotions tel que la peur, la douleur,la joie ou la tristesse comme réelles, il les ressent comme tel. Une fois éveillé il prend conscience que tout cela provenait de l'esprit. Cela ne veut pas dire qu'il ne ressent plus d'émotions dans son rêve, cela continue à se produire mais les émotions sont alors perçue pour ce qu'elle sont : de simple manifestations de l'esprit, rien d'autre, ainsi le rêveur n'est plus dupe.

"Le non sabre" ou retourner le sabre du partenaire contre lui . La tendance, surtout lorsqu'on est débutant tout comme moi est de fixer l'esprit sur le sabre ou dans le  cadre de l’aïkido, du bras qui attaque et de chercher à le contrôler. A partir de cet instant nous fixons l'esprit et comme nous avons vu plus haut, cela revient à l'emprisonné, le privant ainsi de sa liberté d'agir dans l'instant. Si l'esprit est distrait il y aura hésitation et donc mise en danger de son intégrité.

Si par contre, nous n’arrêtons notre esprit en aucun endroit, ce dernier loin d'être emprisonné en un lieu sera présent partout et ainsi sera au bon endroit au bon moment.

Quand il est dit de ne pas fixé l'esprit cela vaut aussi pour notre tendance égocentrique de le limité à l'intérieur de ce corps qui nous est si cher ,peut être même trop cher.

"égo quand tu nous tiens" Combien d'atrocités non pas été commise afin de satisfaire notre petite personne ou devrais je dire notre petitesse, notre étroitesse d'esprit (je me compte aussi dans le lot, j'ai aussi fait des atrocités afin de chérir cet amas de cellules par fainéantise et par soucis de performance et d'apparence j'ai laissé tomber mon engagement de ne plus mangé d'être vivants) heureusement j'ai remedié à cela.

 

"La sagesse immuable de tous les bouddhas" ou l'esprit qui ne s'arrête pas.

Dans le bouddhisme zen et autre il y a plusieurs représentations symbolique pour illustrer cela. L'une d'elle est en japonais Fudô Myôo, Acala en sanskrit ou encore Miyowa en tibétain. Il est d'aspect courroucés et tiens une épée dans une mains et une corde dans l'autre il possède d'autres attributs qui ont chacun une signification particulière. Takuan explique que:"l'homme ordinnaire pourrait être effrayé par Fudô Myôo tandis que le bouddhsite en comprend le sens."

"Fudô Myôo représente l'esprit immuable dans un corps inébranlable (que rien ne retient)"


.

 

Takuan Sôhô dit que: " regarder sans arrêter l'esprit est faire preuve de sagesse immuable"

Une autre représentation symbolique de cette sagesse et peut être un peu plus connu que la précédente est :

Kannon en japonais ,Avalokiteshvara en sanskrit ou encore Chenrézi à 1000 bras en tibétain. Qui représente celui qui voit tout et agit instantanément par compasion.Il est généralement représenté avec plusieurs visage regardant dans toutes les directions et 1000 Bras pouvant ainsi agir sans réfléchir pour le bien de tous et sans s'arrêter. Tel est très brièvement une des significations des symboles véhiculés par cette représentation de la sagesse immuable.

 

 

"Engendrer l'esprit sans lieu ou demeurer "

Takuan Sôhô dit " L'esprit qui s'attache naît de l'esprit qui s'arrête ainsi en est-il du cycle des transmigration.Regarder et écouter sans emprisonné l'esprit en un lieu unique"

Effectivement le bouddhisme nous enseigne que de l'ignorance nait l'attachement en l'égo ce qui engendre attachement aux expériences classifiées entre bonnes ou mauvaises. Nous devons nous efforcer de ne rien rajouter aux expériences mais de les laisser pour ce qu'elles sont, de simple expériences ni plus ni moins.

Quand on débute la méditation la première étape consiste à se saisir de l'esprit pour l’empêcher de se laisser distraire par les phénomènes extérieures (le monde manifeste) et les phénomènes intérieurs (les pensées).

C'est un peu comme avec un chiot qu'on éduque, on le tient d'abord avec une laisse dont la longueur est adaptable puis une fois le chiot bien éduqué on peut lâcher le chien même s'il se met à vagabonder il connaît sa place et reviendra de lui même.

Donc au début on s’efforce de garder l'esprit sous contrôle pour ensuite le laisser aller ou bon lui semble comme le jeune chiot, dans les arts martiaux cela consiste à apprendre la techniques pour l'oublier au profit des principes afin au final de laisser le tout s'exprimer harmonieusement.

Sont discours rejoins ce qu'il m'a souvent été donné d'entendre ou de lire dans le cadre

du Vajrayana :

" le passé n'existe plus, le futur n'existe pas encore et le présent n'est qu'une succession d'instant insignifiant"

Petite parallèle entre un pratiquant bouddhiste et un pratiquant martial

Pour illustrer les propos de Takuan Sôho qui explique que le pratiquant apprend d'abord la forme /la technique pour ensuite apprendre la non forme/ les principes afin de réaliser que les deux ne sont pas des choses séparées mais sont comme les deux ailes d'un oiseau car ce dernier à impérativement besoin des deux pour voler.

- Le débutant bouddhiste apprend d'abord des techniques de pacification mentale  "shiné"

- Le débutant martial (kyu) apprend d'abord des techniques ou plutôt c'est son corps qui apprend.

-Ensuite le pratiquant bouddhiste après avoir stabilisé son mentale part à la recherche de l'esprit pour en avoir une certaine vision " Lhaktong" pour s'approcher de la sagesse immuable

- Le pratiquant martial (dan) familiarisé avec les techniques commence à percevoir les principes sous-jacent et commence doucement à libérer son esprit de la techniques

- à un niveau beaucoup plus avancé le pratiquant bouddhiste s'éveille mais paradoxalement accepte de rester dans le monde du rêve sans pour autant en être dupe afin d'aider les autres à se réveiller.

-Le pratiquant martial expérimenté atteint le satori qui s'apparente à l'éveil bouddhiste pour peu que ce dernier pratique une voie et non un sport car le but n'est pas le même.

Pour conclure ce premier texte je vous citerai les paroles de Takuan Sôho :

" C'est l'esprit lui même qui détourne l'esprit de l'esprit, ne soyez pas sans esprit " ;-)

 

Deuxième texte :Reiroshû

Ici ce que je retiens des paroles de Takuan c'est le mot probité ,ma traduction de ce mot et ma compréhension de ce texte sont les suivants:

La vie humaine est dites précieuse et il est de notre responsabilité de lui donner du sens. Nous ne pourrons lui donner du sens que si nous trouvons notre voie au travers de notre réflexions, de notre auto discipline et de notre entrainement.

Je garde à l'esprit les notions de karma et de samsara ainsi que le soutra du cœur afin de travailler sur l'égo.

 

 

Troisième et dernier texte : Taiaki

Taia est un sabre chinois légendaire ornés des plus beaux joyaux et capable de trancher n'importe quoi, tout comme la sagesse transcendante, la vraie nature de l'esprit. Selon Takuan Sôhô nous possédons tout le sabre de Taia, tout comme nous possédons tous l'état de bouddhas en nous. Les noms diffèrent pour s'adapter à tout un chacun mais le but est le même.

 

Takuan écrit :" l'ennemi ne me voit pas , je ne vois pas l'ennemi" Ce qui signifie que le "moi,égo" n'existe pas, seul existe la nature du Bouddha Sakyamuni."

 

La pages 101 rejoins ce que Léo Tamaki expliquait lors d'un stage, ne pas préparer son attaque mais le faire aussi simplement que si on buvait un verre d'eau tout naturellement sans préméditation.

En guise de conclusion tout cela est au delà des mots, non conceptuel et appartient au domaine de la réalisation personnelle acquise par l'expérience.Ce livre ma vraiment marqué et je tenais à partager cela avec vous, j'espère que  vous aurez autant de plaisir à le lire que j'ai pris plaisir à écrire cette article après avoir l'avoir lu.

 

 

 

l'esprit indomptable de Takuan Sôhô

Rédigé par Stéphane G

Publié dans #lecture

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